L’histoire de cette maison est familiale, puisque les constructeurs ont grandi dans l’immeuble voisin, en remontant à la 3e génération. Cette filiation ancre donc le projet sur ce terrain, malgré ses désavantages: 80m² seulement et coincé entre deux immeubles de 3 étages, façade principale tournée sur un boulevard bruyant et au nord. Ces caractéristiques découragent les promoteurs et les aménageurs publics, et laissent donc la famille libre d’y projeter ses rêves.
Il faut faire un bâtiment dual: briques sur le boulevard pour complaire aux exigences de la Mairie, et toiture toute hauteur pour échapper au recul réglementaire qui frappe la façade à l’arrière. Pour que toutes les pièces puissent bénéficier de la double orientation, il faut minimiser l’emprise de l’escalier. Celui-ci traverse la maison de part en part sans se retourner pour ne pas empiéter sur les pièces voisines. Cette singularité architecturale et structurelle se lit en façade sur le boulevard par les fenêtres décalées par niveaux.
Par manque de place, la préfabrication s’impose en utilisant le procédé de grands panneaux de bois massif KLH, qui permet en trois semaines de poser toute la structure sur le socle maçonné du garage. Autre performance visée, la consommation énergétique BBC. En réponse au rapport défavorable entre surfaces de façades (déperditives) et surfaces de plancher (surface habitable), le manteau thermique atteint par endroits 30cm d’épaisseur.
La géométrie inhabituelle trouve également sa raison d’être en sélectionnant dans l’environnement des vues choisies. Le mariage du bois clair et du ciment noir, au lieu d’écraser l’espace, le tapisse d’une lumière tour à tour soyeuse et luisante.